Le musĂ©e Marmottan, lĂ©gataire universel du fils de Claude Monet, a pu reconstituer en partie la collection dispersĂ©e du maĂźtre de Giverny, passionnĂ© par lâart de ses contemporains. Les premiers indices datent de 1893. La jeune Julie Manet rend visite Ă Claude Monet 1840-1926, Ă Giverny avec sa mĂšre, Berthe Morisot, une proche du peintre. La jeune fille monte Ă lâĂ©tage et voit sur les murs de la chambre des Ćuvres familiĂšres. Il y a lĂ le noyau initial des impressionnistes, des tableaux de sa mĂšre Berthe Morisot, de Renoir, Pissarro, ainsi quâun pastel de son oncle, Edouard Manet. Elle les dĂ©crit dans son Journal, ainsi que les estampes japonaises de la salle Ă manger. La collection de Monet est alors un secret bien gardĂ© dont seul les intimes ont connaissance. DĂ©but du 20e siĂšcle, le peintre est devenu une cĂ©lĂ©britĂ© mondiale. Ecrivains et journalistes triĂ©s sur le volet lui rendent visite dans son antre de Normandie. Ma collection est pour moi seul⊠et pour quelques amis. Je la garde dans ma chambre autour de mon lit », confie le maĂźtre de Giverny Ă un reporter. Ce qui ne lâempĂȘche pas de laisser quelques privilĂ©giĂ©s monter lâescalier. Les tĂ©moignages dĂ©crivent les tableaux de Renoir, CĂ©zanne, Corot, Millet, Jongkind, Boudin, Pissarro, Signac, Delacroix et bien dâautres accrochĂ©s Ă touche touche sur les murs, y compris dans le cabinet de toilette. Qui avait-il dâautre dans cette collection longtemps restĂ©e discrĂšte ? Combien dâĆuvres avait-il rassemblĂ© ? On a longtemps tout ignorĂ© du jardin secret sentimental et artistique constituĂ© par Monet entre 1870 et 1926. En dĂ©cembre 1926, Ă sa mort, son fils Michel Monet 1878-1966 est lâunique descendant, son frĂšre Jean Ă©tant dĂ©cĂ©dĂ© sans enfant douze ans auparavant. Il hĂ©rite de tout lâĆuvre paternelle, la maison de Giverny et la fameuse collection privĂ©e. Deux notaires de Vernon et des Andelys Ă©tablissent lâinventaire des biens aprĂšs dĂ©cĂšs. Aucune information ne filtre Ă propos du patrimoine ou des tableaux rassemblĂ©s par le peintre. Pierre-Auguste Renoir, Mme Monet et son fils Jean dans le jardin Ă Argenteuil, Juillet 1874. Huile sur toile, 50,4 x 68 cm. © Washington, National Gallery of Art, legs Ailsa Mellon Bruce, 1970 © Courtesy Washington, National Gallery of Art Puis Michel Monet â qui ne travaille pas â poursuit sa vie, partagĂ©e entre deux passions, les belles voitures et les safaris en Afrique. ActivitĂ©s toutes deux onĂ©reuses quâil finance par la vente rĂ©guliĂšre de tableaux signĂ©s de son pĂšre, ainsi que ceux collectionnĂ©s par son pĂšre. En 1966, Michel Monet dĂ©cĂšde sans descendance en ayant fait du musĂ©e Marmottan son lĂ©gataire universel. Celui-ci hĂ©rite alors de quarante-huit Monet, quatre Renoir et des toiles ou dessins de Degas, Boudin, Signac, Caillebotte. Il y a quatre ans, lâinstitution, propriĂ©tĂ© de lâAcadĂ©mie des Beaux-Arts, se lance un dĂ©fi retrouver les Ćuvres de la collection de Claude Monet et les prĂ©senter dans une exposition. Il y a une difficultĂ© majeure lâinventaire des biens aprĂšs dĂ©cĂšs de Claude Monet, Ă©tabli en 1927, a Ă©tĂ© dĂ©truit, ainsi que toutes les archives notariales, lors dâun bombardement en 1940. Que possĂ©dait-il prĂ©cisĂ©ment ? MystĂšre. Que reste t-il de sa collection ? Vaste question ! Marianne Mathieu, en charge des collections de Marmottan, et l'historien de l'art Dominique Lobstein, se lancent dans lâenquĂȘte comme lâaurait fait la police, en repartant du dĂ©but et des indices existants. AprĂšs avoir reconstituĂ© ce quâil restait de la collection du fils, Michel Monet, lĂ©guĂ©e au musĂ©e en 1966, on a remontĂ© le fil » explique Marianne Mathieu. Les archives de Michel Ă©clairent les historiens sur les revenus du fiston Michel a commencĂ© Ă vendre dĂšs 1927, quelques mois aprĂšs la mort de son pĂšre, et a continuĂ© jusquâĂ sa mort, considĂ©rant les tableaux comme un capital disponible. Dâabord ceux de la collection, puis ceux de son pĂšre. Sa femme Gabrielle tenait Ă©pisodiquement des comptes sur des petits carnets 6 mĂštres linĂ©aires de nymphĂ©as pour 200 000 francs. Mais câest surtout en ratissant les archives de la sphĂšre artistique que les historiens ont pu dĂ©terminer les mouvements des Ćuvres sur le marchĂ© de lâart. Les deux enquĂȘteurs ont du Ă©plucher toutes les listes des ventes de Drouot sur une pĂ©riode de soixante dix ans, celles des ventes des galeries, notamment Durand-Ruel, Boussod et Valadon, Vollard etc, les registres des maisons spĂ©cialisĂ©es en expĂ©ditions dâĆuvres dâart, ou la correspondance de Monet avec ses proches. Et particuliĂšrement celles avec le marchand Georges Petit et le critique dâart FĂ©lix FĂ©nĂ©on, qui chassaient pour lui. Ils avaient des instructions trĂšs prĂ©cises », dit Dominique Lobstein. Ădouard Manet, Monet peignant dans son atelier, 1874. Huile sur toile, 106,5 x 135 cm. Stuttgart, Staatsgalerie © BPK, Berlin, Dist. RMN-Grand Palais / image Staatsgalerie Stuttgart On sait ainsi pourquoi Monet nâa pas eu un Bonnard quâil convoitait il avait donnĂ© Ă FĂ©nĂ©on un plafond maximum pour enchĂ©rir Ă Drouot. Le Bonnard a fait plus, Monet a ratĂ© le tableau Ă quelques centaines de francs prĂšs. A noter que le peintre nabi vivait Ă trois kilomĂštres du maĂźtre de Giverny. Les deux sâestimaient et se rendaient visite. Monet aurait pu acheter Ă Bonnard en atelier. Pour lui comme pour les autres artistes, il y a toujours rĂ©pugnĂ©, considĂ©rant peut ĂȘtre quâil nâĂ©tait pas digne de discuter le bout de gras avec ses pairs, et encore moins avec ses cadets. GrĂące aux recoupages, les deux historiens finissent par identifier peu Ă peu les Ćuvres et dresser le profil du collectionneur acharnĂ© quâĂ©tait Monet. Comme ses contemporains Edgar Degas ou Gustave Caillebotte, le chef de file des impressionnistes est atteint de collectionnite aigĂŒe » mais a beaucoup moins de moyens que ses confrĂšres, tout du moins au dĂ©but. Dans sa jeunesse, câest vaches maigres et systĂšme D. Le noyau initial est constituĂ© des cadeaux des amis, Boudin, Daubigny, Carolus Durand, ou des Ćuvres des proches, tel le fidĂšle Renoir, recordman du portrait de la famille Monet, quâil peint par sĂ©ries. Puis viennent les Ă©changes. En 1888, Monet troque avec Rodin un paysage de Belle-Ile-en-Mer contre un bronze, le trĂšs sensuel La Jeune MĂšre Ă la grotte. âIl achĂšte ce quâil ne peint pasâ Durant leur enquĂȘte, Marianne Mathieu et Dominique Lobstein tombent sur deux plĂątres offerts par Rodin Ă Monet, dont un dĂ©dicacĂ©, totalement inconnu au bataillon. Quand il se met Ă vivre trĂšs bien de sa peinture 100 000 francs par an en 1892, se lamente Gauguin, qui en gagne vingt fois moins, Monet recherche frĂ©nĂ©tiquement et mĂ©thodiquement des piĂšces choisies avec soin, des Ćuvres intimes dâartistes quâil connait bien. Il achĂšte ce quâil ne peint pas, explique Marianne Mathieu, câest Ă dire une autre proposition artistique. Des nus de Renoir ou des CĂ©zanne, peintre de la permanence et de la structure alors quâil est le peintre de lâimpression fugitive. » Arrivent Ă Giverny, par le train ou en camion â Monet attend impatiemment devant le portail â des Corot, Manet, Jongkind, Berthe Morisot, Renoir â le plus reprĂ©sentĂ© dans la collection, avec CĂ©zanne â, des Ćuvres graphiques de Toulouse-Lautrec ou Jules ChĂ©ret. Il dĂ©pense sans compter pour CĂ©zanne ou surpaye un Sisley, par amitiĂ©. Il sâintĂ©resse aux petits jeunes, Signac, Vuillard, Bonnard mais passe totalement Ă cĂŽtĂ© de Matisse. Engrange les estampes japonaises par centaines, dont il semble apprĂ©cier plus lâaspect dĂ©coratif que la valeur artistique. Pierre-Auguste Renoir, Jeune fille au bain, 1892. Huile sur toile, 81,3 x 64,8 cm. New York, The Metropolitan Museum of Art, Robert Lehman Collection, 1975 © New York, The Metropolitan Museum of Art En recoupant les Ćuvres du maĂźtre rĂ©pertoriĂ©es dans son catalogue raisonnĂ©, Ă©tabli par Daniel Wildenstein, et leurs propres investigations sur sa collection personnelle, les deux historiens finissent par rĂ©tablir les comptes Ă la mort du peintre, Michel Monet a vraisemblablement hĂ©ritĂ© de trois cent quatre vingt neuf Ćuvres de son pĂšre huiles et dessins et cent vingt sept peintures dâautres artistes, soit un ensemble de cinq cent neuf piĂšces. Entre 1927 et 1966, Michel aura cĂ©dĂ© trois cent vingt-huit Ćuvres toutes signatures confondues, soit environ 64% de son patrimoine. Une centaine dâentre elles sont revenues au musĂ©e Marmottan le temps de lâexposition, en provenance de collections privĂ©es et de musĂ©es du monde entier. Notamment Le NĂšgre Scipion de CĂ©zanne, venu de Sao Paulo, ou L'AlgĂ©rienne, de Renoir, prĂȘtĂ© par le musĂ©e de San Francisco. Un siĂšcle, ou presque, aprĂšs leur dispersion, les monstres sacrĂ©s se retrouvent Ă lâombre des NymphĂ©as de Monet. Impressionnisme Claude Monet Partager Contribuer Sur le mĂȘme thĂšme
Fraisde port TTC 0,01⏠dĂšs 29⏠d'achat Total TTC Continuer mes achats Commander. ActualitĂ©s; NouveautĂ©s jusquâau 1er novembre 21. MusĂ©e des impressionnismes, Giverny 99 rue Claude Monet, 27620 Giverny. Catalogue, sous la direction de Mathias Chivot et Cyrille Sciam RMN, 224 p., 35 âŹ. Chaque saison offre de nouvelles couleurs au Jardin de Monet Ă Giverny. Lâexposition CĂŽtĂ© jardin, de Monet Ă Bonnard au MusĂ©e MusĂ©e des impressionnistes jusquâau 1er novembre en Ă©claire Ă quelques mĂštres lâambition du projet tout en lâinscrivant dans une autre histoire de la modernitĂ©, celle dâun dialogue mĂ©connu et oubliĂ©, entre Monet et les nabis. Pour mieux interroger la sensibilitĂ© contemporaine, entre Ă©motion personnelle et rĂ©clusion. Une histoire de sensibilitĂ© de 1870 Ă 1940 Sisley, Printemps, paysanne sous les arbres en fleurs, vers 1865-1866 Col. part. Sâinscrivant dans une longue tradition du paysage, lâimpressionnisme a dĂ©clinĂ© comme un thĂšme central un rapport intime au jardin lâĆuvre immersive de Monet Ă Giverny en constitue la quintessence. Les Nabis avec leurs jeux des ombres et du théùtre, se sont dĂ©marquĂ©s de ce qui Ă©tait devenu un poncif, parfois radicalement. Lâambition de cette remarquable exposition appuyĂ©e sur une centaine dâĆuvres peintures, dessins, photographies brillamment organisĂ©e vise Ă dĂ©passer les clivages souvent artificiels entre les impressionnistes, et leurs successeurs. Un dialogue mĂ©connu et oubliĂ©, mais qui a rĂ©ellement existĂ©, entre Monet et les nabis Bonnard, Denis, Roussel et Vuillard qui, au dĂ©part, ont dâabord rejetĂ© lâimpressionnisme avant de renouer avec lui. insiste Cyrille Sciama co-commissaire et contributeur de lâindispensable catalogue. De 1870 Ă 1940, le jardin a Ă©tĂ© un thĂšme intense. Jâai voulu montrer quâil rĂ©unit plus quâil nâoppose. Avec dâune part ceux qui travailleraient de maniĂšre plus instinctive et les seconds considĂ©rĂ©s comme plus cĂ©rĂ©braux ». Des espaces verts ambigus Mary, Cassatt Automne, portrait de Lydia Cassatt, 1880 Photo Petit Palais Les images, qui semblent si naturelles, sont souvent la suite dâune grande rĂ©flexion, oĂč les lieux peints se diluent dans lâimaginaire du peintre. poursuit Cyrile Sciama, nâhĂ©sitant pas de parler dâun espace ambigu » ou indĂ©cis » pour les impressionnistes. Lâexposition et le catalogue sâattachent Ă distinguer le jardin tournant parfois Ă lâobsession picturale selon chaque peintre, de Pissarro Ă Caillebotte. Espaces indĂ©cis, les jardins peuvent Ă©galement susciter rĂȘveries et moments perdus. rappelle Sciama. Impressions ou sensations, nombreuses sont les nuances de la reprĂ©sentation des jardins par la gĂ©nĂ©ration Monet, des annĂ©es 1870 Ă 1890. Cette lente Ă©laboration prend en compte des situations personnelles diffĂ©rentes, qui varient selon les origines familiales et gĂ©ographiques des artistes et leur vie privĂ©e une fois leur carriĂšre lancĂ©e. Le thĂšme du jardin prend alors dans leurs Ćuvres une valeur centrale mais ambiguĂ« » Car tout le mĂ©rite du propos consiste Ă ne pas rĂ©duire cette recherche dâun Ăden Ă cette image du bonheur qui font leur popularitĂ©. La conception du jardin en espace clos laisse place Ă toutes les rĂȘveries. Monde silencieux, il est aussi le lieu des moments suspendus. La mĂ©lancolie nâest jamais loin, et la mort rĂŽde. Certains jardins transcrivent ainsi la vie chancelante des personnages qui y sont peints. RĂȘverie et mĂ©lancolie sâentremĂȘlent, donnant un nouveau dĂ©veloppement au sujet que les Nabis reprennent dans un jeu savant entre théùtre et mise en scĂšne, et oĂč les silences intĂ©rieurs rĂšgnent en maĂźtre » LâexpĂ©rience dâun espace densifiĂ©, Ă©tendu et sublimĂ© par lâimagination. Vuillard Fillette au cerceau, vers 1891, Col. part. Autre contribution de lâexposition La question du jardin nâa pas Ă©tĂ© souvent associĂ©e aux Nabis ; elle permet pourtant de comprendre clairement comment leur trajectoire sâinscrit dans le paysage artistique au tournant du siĂšcle. prĂ©cise Mathias Chivot dans son article La sensation retrouvĂ©e, le jardin au cĆur de lâĂ©volution nabie. Le biais du jardin, de la nature, permet Ă©galement de mieux saisir le virage qui marque la dispersion des Nabis au dĂ©but du xxe siĂšcle. Ceux-ci choisissent, chacun Ă sa maniĂšre, de revenir Ă la tradition picturale française.» Une invitation Ă lĂącher prise Bonnard CrĂ©puscule Photo HervĂ© Lewandowski RMN Grand Palais musĂ©e dâOrsay Difficile de rentrer dans la richesse des propositions et pistes ouvertes, de cette Ă©volution des mentalitĂ©s comme du parc comme scĂšne, la place de la figure fĂ©minine au jardin, les enjeux sur le cadre et la limite de la nature maitrisĂ©e, du rĂŽle de la mĂ©moire et du travail dâatelier, du rĂŽle de la photographie omniprĂ©sente, pour tirer profit des possibilitĂ©s visuelles que permet lâobjet et que la peinture met Ă distance⊠Sans oublier, ce qui clĂŽt le parcours, la densitĂ© vĂ©gĂ©tale est lâoccasion dâexpĂ©rimenter des points de vue immersifs, dont la finalitĂ© est toujours dĂ©corative », de Monet Ă Bonnard, jusquâĂ lâabstraction de Joan Mitchell 1925-1992, artiste amĂ©ricaine installĂ©e Ă VĂ©theuil, Ă quelques kilomĂštres de Giverny. Sur les lieux mĂȘme dâun retour Ă lâimpressionnisme LâĂ©loignement dans lequel les Nabis tenaient lâimpressionnisme se rĂ©duit, jusquâĂ le transformer en rĂ©fĂ©rence, le tout thĂ©orisĂ© aprĂšs coup par Maurice Denis. rappelle Mathias Chivot en ouverture dâune salle et dans le catalogue. Sâamorce un retour vers la tradition, et lâacceptation plus directe dâun hĂ©ritage de la peinture française dans laquelle ils se placent. Les perspectives cessent alors dâĂȘtre chahutĂ©es pour redevenir plus classiques, la lumiĂšre entre directement et lâespace se fait plus profond, moins cloisonnĂ©. » Denis, Verger Ă lâErmitage, vers 1892, Neuss, Clemens Sels Museum Avec lâattraction entretenue par Monet, auprĂšs des gĂ©nĂ©rations suivantes Giverny devient ainsi un lieu dâĂ©changes privilĂ©giĂ©, oĂč les Nabis viennent se dire redevables des impressionnistes, oĂč lâattitude de dĂ©fiance des dĂ©buts sâefface au profit dâune reconnaissance tacite et admirative de lâhĂ©ritage impressionniste. Lâaveu de Vuillard, recueilli par le comte Kessler au matin du 24 dĂ©cembre 1902, rĂ©sume Ă lui seul la dette reconnue envers les maĂźtres autrefois mĂ©prisĂ©s Car, il faut bien en convenir, si je nâavais pas vu les impressionnistes, je nâaurais pas fait de couleur. » Dâun bout Ă lâautre de sa carriĂšre, le thĂšme du jardin bouscule ainsi la lĂ©gende convenue du peintre dâintĂ©rieur et affirme une prĂ©occupation permanente pour lâespace intime que reprĂ©sente le jardin, public ou privé⊠» Une sublimation de la nature Caillebotte, Parterre de marguerites, vers 1893, MDIG Photo François Doury La modernitĂ©, câest le transitoire, le fugitif, le contingent, la moitiĂ© de lâart, dont lâautre moitiĂ© est lâĂ©ternel et lâimmuable. » affirmait Baudelaire, en 1863, comme sa dĂ©finition de lâart, rĂ©unissant par anticipation, les contradictions souvent repĂ©rĂ©es dans le style des impressionnistes et dans celui des Nabis â les premiers Ă©tant attachĂ©s Ă la reprĂ©sentation dâune nature mouvante et Ă©phĂ©mĂšre, les seconds dĂ©sirant aller au-delĂ des apparences pour rĂ©vĂ©ler les vĂ©ritĂ©s immanentes et essentielles de ce monde. Ces deux rĂ©alitĂ©s sont pourtant plus permĂ©ables quâil nây paraĂźt » commente ValĂ©rie Reis dans un texte lumineux La nature du temps. Si les jardins survivent en effet Ă leurs maĂźtres, et voient Ă©ternellement revivre leurs fleurs au grĂ© des saisons, ils sont aussi immortalisĂ©s dans des tableaux qui capturent et traduisent toutes les nuances de leur temporalitĂ©. Temps suspendu, temps cyclique ou temps qui passe, autant dâaspects prĂ©sents en filigrane dans des Ćuvres qui font renaĂźtre perpĂ©tuellement ces peintres, dans le prĂ©sent Ă©ternel de lâart ». On comprendra dĂ©s lors les rĂ©sonnances intactes de ces artistes avec nos prĂ©occupations contemporaines. OlivierOlgan Pour aller plus loin voir la visite virtuelle en ligne â Ă©couter la sĂ©rie de podcasts CĂŽtĂ© jardin, de Monet Ă Bonnard Catalogue MusĂ©e des impressionnistes, Giverny Notreexposition "CĂŽtĂ© jardin. De Monet Ă Bonnard" fait la part belle Ă la reprĂ©sentation des femmes au jardin !Venez dĂ©couvrir les Ćuvres des artistes impressionnistes et nabis jusqu'au 1er novembre. Oeuvres prĂȘtĂ©es par le MusĂ©e d'Orsay: James Dans lâun des plus beaux villages de Normandie, le MusĂ©e des impressionnismes Ă Giverny accueille depuis mai 2021 une exposition centrĂ©e sur les jardins vus par les impressionnistes. Ă moins dâune heure de Paris, ce lieu mythique ne saurait ĂȘtre plus attrayant lorsque lâon recherche une activitĂ© rafraĂźchissante. La promenade sâannonce prometteuse et reposante entre les allĂ©es de peintures aux couleurs des saisons. En marge de lâexposition Ă visiter en personne, le musĂ©e des impressionnismes sâouvre Ă lâinternational. MalgrĂ© les dĂ©confinement successif, lâaccĂšs Ă la culture reste restreint et cloisonnĂ©. Pour y remĂ©dier, le musĂ©e a fait appel Ă Googles Arts & Culture et offre au public du monde entier la possibilitĂ© de dĂ©couvrir plus dâune centaine dâoeuvres provenant de collections publiques et privĂ©es, issues de lâexposition CĂŽtĂ© jardin. De Monet Ă Bonnard. Le thĂšme de lâexposition rĂ©vĂ©ler la sensibilitĂ© des peintres impressionnistes et nabis face aux jardins. La visite virtuelle est organisĂ©e en trois parties Jardins dâartistes, Femmes au Jardin et un focus sur Ădouard Vuillard et les jardins. Les Ćuvres se succĂšdent, se confrontent et se dĂ©voilent au travers dâespaces verts, suspendus dans le temps et qui appellent Ă la rĂȘverie. Pierre Bonnard, Claude Monet, Gustave Caillebotte⊠au milieu de ces lieux foisonnants, presque indisciplinĂ©s, le visiteur plonge au cĆur de lâunivers intime de ces artistes qui considĂ©raient les jardins comme un refuge. NymphĂ©as avec rameaux de saule 1916-1919 Claude Monet MusĂ©e des impressionnismes GivernyUne visite virtuelle dynamiqueBien que le digital ne remplacera jamais une visite in situ, lâexposition virtuelle CĂŽtĂ© jardin. De Monet Ă Bonnard est divertissante. Gratuite, elle a Ă©tĂ© organisĂ©e en partenariat avec Google Arts & Culture et permet une vision approfondie et expliquĂ©e de chaque Ćuvre, en haute dĂ©finition. En plus de lâexposition virtuelle, le musĂ©e propose, sur ses rĂ©seaux sociaux, de nombreux Ă©vĂšnements et activitĂ©s Ă suivre sur Facebook, Twitter et Instagram. Chaque semaine, un nouvel Ă©pisode du Podcast de Giverny sera disponible sur Youtube et autres plateformes, pour une immersion sonore dans lâunivers des impressionnistes et nabis de lâexposition.- ĐŠĐ”ĐșŃŃĐ”ĐșĐ” Ńá
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